Reliances – addiction, élan religieux, et psychothérapie

Abordée dans le vif de la relation psychothérapeutique, la problématique de l’addiction révèle ici l’un de ses paradoxes essentiels, où le délitement des liens va de pair avec une aspiration à se relier au « tout ». Mais cet élan à la reliance, qui apparaît là dans toute sa force, ne concerne-t-il pas fondamentalement tout sujet ? Et ne finit-il par ébranler la notion même de sujet, en tant qu’il serait séparé du monde ?

Plutôt que de proposer une théorie objectivante, il s’agit ici d’écouter les questions qui surgissent de parcours d’existence, et d’une rencontre entre patients et psy. La réflexion, souvent, cède le pas au récit. Dans une polyphonie de singularités, les sujets s’y inventent comme s’ils construisaient un roman, se découvrent au fil d’improvisations théâtrales, s’ouvrent à des échanges collectifs – où se déploie leur désir de reliance.

Au passage, la psychanalyse, en ce qu’elle peut avoir de réducteur vis-à-vis de l’élan religieux, s’y voit confrontée à d’autres conceptions du sujet, notamment issues de la philosophie occidentale et de la pensée indienne.


Extrait : 

Lors d’un groupe où l’on en vient à parler de « vertiges », que dans un premier temps ils ne peuvent rattacher qu’aux produits, soudain l’une des participantes évoque le « vertige » qui la prit, lorsque marchant dans la rue à regarder les passants, subitement elle ressentit pour eux une tendresse immense, qui la fit conclure : « j’aime les gens, c’est vertigineux ».

N’est-ce pas là que le travail du psy s’articule à celui du prêtre, ou autre artisan du spirituel ? S’efforçant d’affranchir des plus lourdes dépendances, à des substances ou à des proches, n’initie-t-il pas une dynamique d’élargissement, où des proches on en vient à aimer les lointains ? Une fois émergée, l’aspiration à se relier semble bien souvent s’étendre.