L’extrême (extrait)

Elle sanglotait comme un enfant, un nouveau né, que sa mère aurait abandonné. On aurait dit qu’elle était en train de naître, dans cette bulle, où peut-être elle allait finir, comme si soudain elle se dépêchait de naître, complètement, avant de partir, peut-être pour retrouver sa mère. Et moi, une étrangère, j’étais la seule à voir ça, même son père avait préféré sortir. J’étais la seule à l’avoir suivie dans ce désert-là. Même quand les proches sont là c’est souvent comme ça, il y a des choses, sans doute insupportables, qu’ils ne veulent pas voir. Comme s’il était un seuil au-delà duquel un étranger nous devient plus proche que nos proches. Et comme si là était un autre amour, au-delà de ce qui nous appartient, de la jalousie, de la douleur, un amour qui ne fait plus souffrir, un lien mais qui libère, un amour de nomade, qui s’éloigne, tout en restant fidèle.

Retour