Et quand je le voyais, mon jeune professeur aux yeux noirs, se mouvoir dans la vie tel un jeune dieu dansant, condensant en chacun de ses gestes toutes les grâces de la vie, comme s’il avait mille bras pour l’étreindre, quand je le voyais, mon bouddhiste, alliant dans le bleu de son regard l’acuité de Shiva à la compassion de Bouddha, et la force de l’intelligence à une fragilité tendre, quand je le revoyais, mon fou de physicien, efflanqué tel un oiseau de nuit affamé, avec ses yeux trop grands pour être de ce monde, quand je les regardais, fascinée, ne pouvant les toucher, comme si à trop m’en approcher je risquais de me faire foudroyer, parfois je me demandais si malgré cette souffrance, toute ma vie, de n’avoir pu atteindre ceux-là que j’adorais, je me demandais s’il est quelque chose que je préfère, en cette vie, à cette brusque incarnation du divin sur terre, dans le geste ou le regard d’un être.