Artémis et le cerf

Artémis et le cerf

J’aimerais tellement croire qu’une fois au moins, en cette interminable vie, quelqu’un m’a poursuivie. Ç’aurait été si beau, cette traque à l’envers, où le gibier aurait, six ans durant, poursuivi la chasseresse. C’est si rare, une telle mémoire en amour, survivant à six ans d’absence, six ans de quête, sans un jour de répit, à parcourir les bois, en tous sens, insensé, sans jamais un regard, qui repose, sur l’aimée, et sans savoir si cela finira, un jour, sur des retrouvailles. Je sais, c’est invraisemblable, en réalité tu ne m’as croisée aujourd’hui que par hasard, mais laisse-moi y croire. Après, pour moi, il n’y aura plus d’histoire.

Après, il ne me restera qu’à étreindre les arbres. Je n’aurai que ce que je mérite, me diras-tu, moi qui me proclamais déesse des forêts. Mais quand ils t’auront vu mourir, je crois que les arbres mêmes ne voudront plus de moi.