Saint Jérôme et le lion

Saint Jérôme et le lion

Le premier visiteur que l’on vit arriver, cependant, fut un lion, aucunement ailé. Je ne savais si c’était mon âne ou moi, qu’il désirait manger. Mais je pris les devants et me proposai, trop content d’avoir enfin trouvé, dans ce désert, l’arène d’un martyre à ma mesure. Alors je revis les yeux d’or, et sous leur charme retombai. Mais tout à coup je m’avisai que l’une des pattes du seigneur était ensanglantée. Et pas du sang d’une proie, c’était le sien qui coulait là, car il était trop noir pour n’être pas royal. D’autres avaient baisé les pieds du Christ, moi je me baisserais sur la patte d’un lion, et en retirerais l’épine qui le mettait à la torture ; c’était à cause d’elle, j’en étais convaincu, et non par malveillance, qu’il rugissait si fort : Saint Paul ne dit-il pas qu’une écharde en la chair écorche jusqu’au cœur ?