Mon grand monstre, mon tout petit. Tu avais si peur, constamment, qu’à la suite de tes enfants on me sépare de toi. Au moindre bruit tu sursautais ; et quand tu vis des traces de pas, il n’y eut plus pour toi de repos, il fallait fuir, les hommes étaient à ma poursuite. Toujours ils t’avaient effrayé, et ne voulaient pas le comprendre, mais c’est pour ça qu’on ne te voyait jamais ; or à présent, ce n’était plus seulement pour ta vie que tu tremblais. Dès lors nous nous sommes engouffrés au plus profond des neiges ; au début j’avais peur, de rompre ainsi avec l’humanité, je fus même tenté de faire signe à ceux qui me cherchaient, mais j’ai vite renoncé, c’était avec mon Yéti que je voulais rester, et les hommes, je les connaissais, ils n’aiment pas à partager, surtout avec une bête.