A l’espère

couverture-a-l-espere

Dans une âpre garrigue du fond des âges, une passion se noue entre une sauvage un peu sorcière qui soigne jusqu’aux arbres, et un désespéré qui tue des bêtes comme pour se soulager de lui-même. Ne sachant se trouver ils se traquent l’un l’autre, se déchirent, de détruisent. Nul ne peut les retenir d’aller au bout de ce destin qu’ils semblent avoir choisi, et le chasseur finit par tirer sur celle qui se fit sa proie. Mais là où tombent les morts repoussent les plantes, et l’ordre de la nature reprend le pas sur le chaos des hommes.

Par la simplicité de son tracé implacable, comme par sa langue ample et grave, ce récit se déploie sous le sceau de la tragédie.


Extrait : 

Que lui restait‑il à faire, que s’abandonner à ce cheval, qui sans doute connaissait son chemin, à cet homme, au destin – dès qu’elle l’avait vu, n’avait‑elle pas senti qu’il était son destin, cet homme, et qu’elle lui appartenait plus qu’à elle‑même ; de sa vie, désormais, il ferait ce qu’il voudrait – et dans cette cavalcade, à travers bois, soudain elle vit ce qu’avait été sa vie, à l’espère et à l’arrachée, pareille à celle des bêtes, des proies, de toutes parts devant se battre, sans répit menacées, jamais sûres de survivre – et dans cette vie, elle reconnut la seule qui pour elle fût possible, la seule qui lui parût la vie vraie – et avec toutes ses errances, ses peurs, sa souffrance, comme lorsqu’elle tombait sur le corps de cet homme, elle se sentit réconciliée. Songeant à cet incendie, dans lequel elle faillit périr, elle se rappela que c’était là qu’elle avait découvert la paix.