Elle avait repris sa marche. Elle s’était remise à écouter. Elle écoutait les oiseaux, le vent, un brusque passage de pluie, le bruissement des arbres. Et derrière, le grand silence, un silence qui paraissait sans fin. Ce silence, se dit-elle, dont dut avoir besoin Schubert, pour en tirer sa musique. Elle se demandait si aujourd’hui elle ne préférait pas ce silence, et ces voix des collines, des forêts, à la musique elle-même. Depuis longtemps elle sentait que Schubert, c’était à faire entendre ces voix-là qu’il tendait. Il avait dû beaucoup écouter les oiseaux, les ruisseaux, les rochers. C’était aussi l’intérieur de monde qu’il voulait faire entendre. Il savait que cet intime-là résonne comme le cœur des hommes. C’était cette équivalence-là qu’il voulait rendre perceptible par ces passages incessants du mineur au majeur, du pianissimo au fortissimo. Lui aussi voulait mettre le cœur au large.