Considérant donc que la relation à un animal peut « soigner », je fais l’hypothèse que, lorsque s’en mêle un psy, cette potentialité se développe, s’intensifie et s’approfondit. Cela sans nécessairement en passer par la prise de conscience et la verbalisation. Loin d’être toujours celui qui « mettrait en mots » ce qui se passe entre un patient et un animal, un psy peut n’être que celui qui permet leur rencontre et, en elle, le libre déploiement de différentes émotions – tant du côté de la haine que de l’amour. Car si un animal peut être « thérapeutique », ce n’est sans doute pas de ne susciter que de l’affection, ou de donner cet amour inconditionnel qu’on lui attribue si souvent, mais plutôt de permettre à nos affects de se vivre dans toute leur démesure et leur violence « non humaine ». En outre, la présence d’un animal, aux yeux de qui soignant et soigné ne sont que deux humains, a souvent pour effet d’empêcher leur relation de se figer dans ces rôles d’aidant et d’aidé : au-delà de leur dissymétrie, ce sont essentiellement deux sujets qui se font face.